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Back 30.08.2019

Norvège, libéralisation du marché et consommateurs au cœur du 9e Event Smart Energy

La Norvège, l’un des premiers pays à avoir libéralisé son marché de l’électricité, était l’invité d’honneur du 9e Event Smart Energy, qui a eu lieu à Sion ce vendredi. L’électrification de la société est l'une des clés pour accélérer la transition énergétique. La Norvège a déjà beaucoup fait dans ce domaine, mais va poursuivre ses efforts, dans ce pays où plus de 90% de l’énergie est d’origine hydroélectrique. L’hydrogène semble très prometteur pour réaliser les ambitieux objectifs énergétiques tout en préservant le climat. Le consommateur et la création de nouveaux produits innovants dans le domaine ont également occupé les débats, suivis par près de 180 spécialistes de l’énergie et de la digitalisation.


La manifestation a été ouverte par le conseiller d’Etat Christophe Darbellay, qui a rappelé que le Valais était une terre d’énergies : eau, soleil, vent et bois en grande quantité. Selon lui, le canton souhaite jouer un rôle-clé dans la transition énergétique, en s’appuyant sur une nouvelle stratégie, des instituts de recherche locaux et des start-up innovantes qui peuvent compter sur le soutien de la Fondation The Ark.


De son côté, l’ambassadeur de Norvège en Suisse Erik Forner, a souligné les excellentes relations entre la Suisse et la Norvège. L’énergie est l’un des meilleurs domaines pour collaborer entre les deux pays. Une manifestation comme l’Event Smart Energy est à ce titre très utile. Erik Forner est également convaincu qu’il faut davantage recourir à l’électricité pour assurer la transition énergétique. Il cite l’exemple de la voiture électrique : « la Suisse a hésité, mais la Norvège a avancé. Aujourd’hui, une voiture neuve sur deux vendue en Norvège est électrique ».


75% de la production électrique est flexible
Anne Vera Skrivarhaug, directrice énergie chez NVE (régulateur norvégien), a rappelé que le mix énergétique norvégien était constitué de 91% d’hydroélectricité, de 7% d’énergie éolienne et de 2% de photovoltaïque. Selon elle, la Norvège a beaucoup appris avec la libéralisation du marché. « Nous avons fait la même chose que d’autres pays, mais avec la force hydraulique au lieu du charbon et du nucléaire ». Le pays compte désormais plus de 1'600 installations hydroélectriques pour une puissance de 140 TWh. « Le 75% de cette capacité est flexible et certains grands réservoirs d’eau permettent des stockages d’une année à l’autre ». 

 
En décarbonisant le secteur de l’électricité, notamment grâce à la montée en puissance de l’hydrogène, il est possible d’accélérer la transition énergétique et de bousculer les industries concernées. Telle est la conviction de Thor Erik Grammeltvedt, directeur de la stratégie de Statnett, le gestionnaire du réseau électrique norvégien. Selon lui, la digitalisation et les activités de recherche et développement ont un rôle important à jouer, en permettant des changements plus rapides, à moindre coût.

Débat entre confort et économies
Torstein Mehlus, directeur marché de Agder Energi, troisième producteur norvégien, a quant à lui expliqué comme une région entière de Norvège allait devenir 100% électrique, tout en limitant ses émissions de CO2. Trond Staume, CEO de la PME norvégienne Powel, a pour sa part détaillé les services de son entreprise, à l’interface entre les équipementiers du type GE ou Schneider Electric et les fournisseurs IT comme IBM ou SAP.


Ragnvald Naero, fondateur du cluster norvégien Smart Energy Network, a évoqué le  consommateur norvégien. Selon lui, le coût est l’un des éléments les plus sensibles pour les consommateurs. Les gens veulent aussi contrôler la valeur des choses grâce à des applications. « De plus, il y a toujours débat entre le confort et les économies, par exemple lorsqu’il s’agit de régler le chauffage ». Reste qu'avec seulement 5,3 millions d’habitants : le marché norvégien est trop petit. « Il est important de faire des liens avec les autres pays et régions ».


Plaidoyer pour la libéralisation totale
Samuel Rutz d’Avenir Suisse a de son côté fait un plaidoyer pour la libéralisation totale du marché de l’électricité. Selon lui, l’ouverture partielle du marché actuelle n’est pas un succès. « C’est un mi-chemin et on est pris entre deux chaises. Il serait vraiment intéressant de relancer le débat pour savoir où on veut aller ». Les solutions existent, en Norvège ou ailleurs et nous pouvons y arriver en évitant de mélanger les politiques (énergie, soutien régional, climat…), en minimisant les subventions qui faussent le marché, en s’ouvrant aux autres pays, en supprimant les monopoles et en réduisant les conflits d’intérêts issus de la complexité du système énergétique.


Joëlle Mastelic, professeure à l’institut Energie et Environnement de la HES-SO Valais/Wallis, a rappelé de son côté que la libéralisation du marché en Suisse impliquerait de gros changements, notamment parmi les 700 distributeurs actuellement actifs. Il y aura forcément des regroupements. Mais au-delà de cela, les entreprises électriques devront se différencier pour vendre autre chose que du kWh. De nouvelles compétences devront être développées dans des domaines comme le marketing social, la segmentation de la clientèle, la création de valeur, les nouveaux produits ou encore le design de nouveaux modèles d’affaires. Les livings Lab, qui permettent des allers-retours entre le terrain et la théorie sont ainsi, dans ce contexte, très utiles pour valider les options et les solutions.

Accélérer les innovations grâce à un nouveau fonds d’investissement
Le design thinking a été au cœur de l’intervention de David Corthay, fondateur de Vertical Studio. Cette approche, qui place le client au centre, peut selon lui aider le domaine de l’énergie à s’ouvrir à d’autres perspectives. « Le design va au-delà du style : c’est une solution heureuse donnée à un problème complexe, avec l’humain au centre des discussions. C’est très important pour l’industrie de l’énergie, surtout avec la libéralisation éventuelle à venir ». Ces entreprises devront, quoi qu’il arrive, arriver à amener de la transformation pour leur clientèle.  


La conférence s’est terminée par l’exposé Keynote d’Espen Mehlum, du World Economic Forum. Ce dernier a relevé que la transition énergétique n’avançait pas assez rapidement dans beaucoup de domaines. Dans le but d’amener les innovations plus vite sur le marché, le WEF est en train de créer un fonds d’investissement indépendant, qui sera soutenu par les gouvernements et les privés.


La prochaine édition de l’Event Smart Energy, 10e du nom, aura lieu le vendredi 28 août 2020. Des comptes-rendus détaillés des talks de l'Event Smart Energy seront publiés régulièrement sur le Smart Energy Portal, qui permet de poursuivre les discussions initiées lors de la conférence.

Fondation The Ark - Rue de l'Industrie 23 - 1950 Sion - Suisse | Réservation de salles