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Retour 21.11.2013

«Sortons du cliché de l'entrepreneur costaud et toujours sûr de lui»

 

A l'occasion de la Semaine mondiale de l'entrepreneuriat, le blog The Ark vous emmène à la rencontre de quelques patrons d'entreprises valaisannes. Une interview est publiée chaque jour jusqu'au 22 novembre prochain. 4e épisode avec Maël Guillemot, directeur de Klewel SA, jeune entreprise basée à IdeArk à Martigny.


Monsieur Guillemot, comment définissez-vous un entrepreneur, dans la société actuelle?
Ce terme a le vent en poupe dans notre société. Le terme start-up – souvent mal employé – y est également devenu courant, même en français, notamment grâce à la médiatisation des sociétés à succès comme Google, Apple et Facebook. Une ou un entrepreneur(e) est à mon avis quelqu’un qui monte un projet à partir de rien ou souvent à partir d’un acquis (pour moi: mon expérience à l’institut de recherche Idiap). Il ou elle construit (indirectement) une équipe – car tout seul on ne va pas loin longtemps – avec le souhait d’être relativement indépendant(e).

Lors d’un voyage à Boston en 2008 avec Venture leaders, j’ai appris que l’on peut difficilement mettre tous les entrepreneur(e)s dans une case, dans une définition. Car il y a beaucoup de styles différents. Nous devons sortir du cliché «homme costaud, toujours sûr de lui», même si certains entrepreneurs collent bien à cette étiquette. Peut-être qu'à l’avenir davantage de types d’entrepreneur(e)s apparaitront?

Selon vous, quelles doivent être les qualités d’un bon entrepreneur?
Alors il y a le bon chasseur et le mauvais chasseur, comme diraient les Inconnus (rires) … Trêve de plaisanterie, sans avoir l’ambition de les lister toutes, voici quelques qualités qui peuvent aider:

- un brin de naïveté et de folie pour se lancer dans l’aventure
- de la ténacité (un brin têtu même)
- un esprit de synthèse
- de l'ouverture d'esprit
- de l'ambition, assumée ou cachée
- de l’écoute (clients, collaborateurs, opportunités…)
- de la rigueur et de la discipline

Une clef serait peut-être de trouver le bon compromis entre un côté rigoureux et un côté artistique? L'un des défis majeurs de l'entrepreneur est d'être polyvalent pour ne pas se «planter» au départ. Il ne faut négliger aucune facette du métier en se lançant seul afin d'avoir la bonne vision globale de la réalité (d'où l'esprit de synthèse) avant de s'entourer. Les facettes du métier étant : la vente («cash is king»?), la technique et R&D, la comptabilité, la communication que l'on retrouve partout (externe, interne), les ressources humaines, etc. Plus tard, comme nous le faisons à Klewel, il est important de mettre en place des processus opérationnels afin de mieux s'organiser: pour passer de l'artisanat, qui peut très bien convenir à un style d'entrepreneuriat à une entreprise avec une ambition internationale par exemple. L'essentiel reste de se lancer réellement à l'aventure et avancer étape par étape: «execution» comme le disent bien les anglo-saxons, terme que l'on retrouve dans l'acronyme CEO — idée que l'on retrouve également dans le «just do it» repris par une marque bien connue.

Quel est votre plus riche souvenir de votre «carrière» d’entrepreneur?
En démarrant il y a cinq ans, je n’avais aucune idée de ce que c’était que de créer sa propre entreprise, n’ayant pas d’exemples dans mon entourage. D’où l’importance de s’entourer d’organismes tels que The Ark pour ne pas faire de grosses erreurs.
Une anecdote? Elle se passe au tout début du lancement de Klewel, «sur la ligne de départ» (car c’est un marathon!). De retour de Californie, où j'avais réalisé avec succès un projet élaboré à l’Idiap, l’équipe de The Ark s’est réunie avec moi pour réfléchir d’une suite industrielle à ce projet. Quelqu’un autour de la table dit: «il faut un entrepreneur pour ce projet». Les regards se sont aussitôt rivés vers moi. Et j’ai répondu naïvement : «ah oui, il va falloir que l’on trouve un entrepreneur» en regardant la fenêtre, sans être convaincu que je pourrais assumer cette fonction, et en pensant collaborer avec un entrepreneur «né», cueilli dans la nature. Dans ma tête, je pensais à «quelqu’un de costaud, avec plein d’assurances et d’expérience». D'où l'importance de se défaire de ce cliché de l’entrepreneur.

Qu’est-ce qui vous plaît dans cette fonction d’entrepreneur?
Je commencerais par ce qui me plaît moins: le fait de faire trop d’heures (rires) et le fait que l’activité travail prenne une telle importance dans ce type de poste et dans notre société actuelle en général. A contrario, j'apprécie la relative liberté d’action, la satisfaction du client qui revient et celle de mener le bateau à bon port, le fait de construire une équipe étape par étape et de ressentir la motivation des collaborateurs.

Maël Guillemot, 35 ans, a fondé en 2007 la start-up Klewel, sur la base d'une technologie de l'institut de recherche Idiap de Martigny. La jeune entreprise propose une solution qui enregistre et référence automatiquement l’intégralité des contenus présentés (audio, vidéo et diaporama) lors des conférences et manifestations. Klewel compte parmi ses clients Nestlé (partenaire webcast des évents globaux dont des contrats avec des succursales aux USA, Moyen-Orient et Inde), Philip Morris International, la BCV, Shire International, le World Business Council for Sustainable Development, l'EPFL. Grâce à un système d’indexation, Klewel met les conférences enregistrées à disposition de tous ou d'une communauté restreinte, sur ordinateur et mobiles, via un moteur de recherche simple. L'entreprise compte actuellement cinq employés. Klewel lancera la nouvelle version de son produit Triskel, une plateforme complète de webcast, début 2014. L'entreprise est auto-financée et participe à des projets de recherche au niveau national et européen en gardant une bonne relation de partenariat avec l'Idiap.

 

A propos de la semaine mondiale de l'entrepreneuriat
La Semaine mondiale de l'entrepreneuriat a lieu chaque année en novembre. En 2013, plus de 120 pays y participent, par le biais d'activités diverses et variées. La Fondation The Ark, qui encourage toute l'année l'entrepreneuriat en Valais, profite de cet évènement pour mettre en avant les entrepreneurs eux-mêmes.

Fondation The Ark - Rue de l'Industrie 23 - 1950 Sion - Suisse | Réservation de salles